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Cercle amical des plongeurs autonomes de l'Agenais

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Plongée requins : Le Requin bouledogue

 (SOURCE :  SCUBA-PEOPLE.COM)

 Texte & illustrations : Steven SURINA

 

Incontournable, le requin bouledogue est depuis quelques années sur le devant de la scène ! Comment ne pas en parler lorsqu’il fait la une du JT deux à trois fois par an ! Effectivement, c’est sur le territoire français, dans l’île de la Réunion, que ce requin se fait connaître du grand public à cause des accidents et de l’impact que cela peut avoir sur le tourisme. Il est pourtant source d’économie dans d’autres régions du monde !

 

Est-il possible de rester objectif avec cet animal ? Éviter les amalgames pour ne pas déranger une partie des internautes « anti-requin » ? Une fois de plus, cet article comme les précédents traitera avant tout de la fiche espèce de l’animal. 

 

Une présentation de son comportement face à l’homme en plongée sous-marine fera l’objet d’une prochaine page.

 

 

 

DESCRIPTION

 

Le requin bouledogue tient son nom de son apparence. Il est doté d’un corps trapu, massif et lourd, avec un museau arrondi extrêmement court et de très petits yeux. Ce requin est de couleur grise ou encore brun olive, l’extrémité des nageoires étant un peu plus foncée que le reste du corps. Le ventre est quant à lui blanchâtre. L’extrémité des nageoires est plus sombre chez les juvéniles. La nageoire dorsale est grande et large, d’aspect falciforme. Implantée très en retrait, la seconde dorsale est de taille réduite. Bien développées, les nageoires pectorales sont larges et falciformes. Les nageoires pelviennes sont triangulaires et l’aileron anal falciforme également. Le lobe supérieur de la nageoire caudale est nettement plus développé que le lobe inférieur, comme chez tous les carcharhiniformes. Sa mâchoire supérieure est équipée de dents triangulaires larges et crantées et la mâchoire inférieure de dents verticales pointues. On le confond souvent avec le requin taureau (Carcharias taurus), car le nom vernaculaire anglais du requin bouledogue est bull shark, ce qui se traduit littéralement par requin taureau et prête donc à confusion. Afin de ne pas se méprendre - car il n’existe pas de point distinctif sur ses nageoires - l’œil est situé à la verticale de sa mâchoire inférieure. 

 


 

HABITAT

 

Le requin bouledogue se rencontre sur les côtes de toutes les mers tropicales et subtropicales du monde, mais il est aussi semi-pélagique. Il fréquente des eaux d'une profondeur comprise entre 0 et 150 mètres, mais préfère celles inférieures à 30 mètres. Il affectionne plus particulièrement les eaux boueuses et plus généralement à forte turbidité, par exemple les embouchures de rivières après un cyclone tropical. Il possède la caractéristique unique chez les requins de s’acclimater dans les eaux hypo salines et hyper salines, ce qui lui permet de remonter des fleuves comme le Zambèze, le Tigre, le Mississipi, le Gange ou l’Amazone. De ce fait, on trouve souvent des requins bouledogues dans des rivières même si celles-ci se trouvent loin de l'embouchure et de la mer. Il a été ainsi observé dans l'Amazone au Pérou, soit à plus de 3 700 km de la côte. Le requin bouledogue est aussi présent dans le lac Nicaragua où il a été longtemps considéré comme une espèce endémique sous le nom scientifique de Carcharhinus nicaraguensis. Il est fréquent dans l'Atlantique et l'Indopacifique, mais beaucoup plus rare en Mer Rouge.

 

 

ALIMENTATION

 

Tout comme le requin tigre, le requin bouledogue est omnivore. Il mange aussi bien d’autres espèces de requins, que des tortues marines, des poissons d’eau de mer ou d’eau douce, des calamars, des mammifères et des oiseaux. Son seul prédateur connu est le crocodile, qu’il rencontre dans les fleuves.

 

Rencontres avec l’homme: Le requin bouledogue est considéré comme très dangereux car il est impliqué dans de nombreuses attaques contre l’homme, imputées auparavant à d’autres espèces. Il est à l’origine de nombreuses agressions au Brésil, dans l’île de la Réunion et en Australie. En fait, même si les conséquences des attaques sont impressionnantes et très médiatisées, le requin fait peu de victimes humaines. Ces incidents surviennent la plupart du temps près de la surface. C’est en immersion que nous pouvons observer les facteurs des risques liés à son comportement, même si en présence de plongeurs en scaphandre, la simple activité des plongeurs le fait fuir plutôt que se rapprocher…

 

 

RÉPUTATION

 

En regardant les chiffres et les analyses scientifiques, le requin du Zambèze se trouve en troisième place derrière le Grand requin blanc (Carcharodons carcharias) et le requin tigre (Galeocerdo cuvier) comme le requin le plus menaçant pour l’homme, en raison de sa taille, de son abondance dans les zones côtières à forte fréquentation humaine et de son régime alimentaire. En réalité, il est responsable d’environ 80% des morsures sur l’homme chaque année, plus que le requin blanc et le requin tigre réunis. La plupart des victimes sont des surfeurs et des baigneurs. Les quelques rares « mordus » en plongée sous-marine sont les « feeders » qui les nourrissent à la main. Le requin bouledogue est sédentaire, mais évolue sur une zone relativement large. Il est extrêmement territorial. Ses biotopes - le milieu de vie d’un animal - sont les zones de faibles profondeurs, régulièrement brassées par les vagues où l’on retrouve une partie de sa chaîne alimentaire grâce aux eaux turpides telles que : les barrières de corail non loin des plages, les sorties d’estuaires, voire les embouchures où l’on retrouve une forte activité industrielle. Ils sont également présents près du littoral où l’activité humaine est importante – l’hôtellerie par exemple. Hormis des changements climatiques majeurs, tempête, fort courants… etc., le requin bouledogue vit autour de ces zones de chasse florissantes. C’est un chasseur solitaire extraordinaire.

Sa méthode de prédation est sensiblement la même que celle des requins blancs et des requins tigres. Ils nagent le long du fond marin à la recherche d’une odeur, d’un bruit ou d’un signal envoyé par une éventuelle proie. Lorsqu’il la repère, il fait très rarement des tours de circonscription et passe rapidement à l’attaque. Il bondit sur sa proie à vive allure par en-dessous, lui laissant rarement une chance de s’en sortir. C’est une réaction innée consécutive à une interprétation biologiquement inscrite dans ses gènes. Rien à voir avec les lions ou les tigres pris d’un quelconque attrait pour la chair humaine. Moins craintif et plus abondant sur le littoral que les autres requins jusqu’à moins d’un mètre de profondeur, il est le plus craint et redouté de tous les prédateurs sous-marins proches de la côte ! Il est pourtant docile, voire timide dans plusieurs régions du monde où il fait fleurir l’écotourisme. En effet, notre terreur des mers s’avère en plongée bouteille une créature difficile à approcher sans nourriture !

 

 CONSEILS 

 

Dans la page précédente, Steven SURINA nous a présenté ce requin bouledogue tant médiatique. Voici donc la suite, où sont abordés les aspects observations et conseils.

 

 

 

 

OBSERVATION N°1 : 

 

Le requin bouledogue ne réagit pas de la même manière en fonction des régions, de son âge, de son sexe et du nombre d’individus. En effet, son comportement sera différent si le requin est seul ou en nombre, s’il est habitué aux plongeurs ou non, s’il est nourri ou pas et s’il évolue avec des humains en surface, en plongée bouteille, proche de la surface ou en profondeur. De plus, il existe des zones sur lesquelles il chasse, se reproduit ou se repose. Son comportement changera aussi en fonction de ces zones.

 

 

OBSERVATION  N°2 : 

 

L’aire de répartition des requins bouledogues est très spécifique. Les communautés sont grégaires, même s’il a l’habitude de chasser seul. Les femelles mettent bas en eau douce, proche des estuaires ou à faibles profondeurs, dans les mangroves par exemple, pour protéger les juvéniles. Le requin du Zambèze semble donc avoir trois zones principales de vie en fonction des saisons, comme vu précédemment. En clair, en fonction de l’endroit et de la période à laquelle vous plongez pour voir ces requins, renseignez-vous auprès des moniteurs locaux qui vous préciseront les cycles de l’animal.

 

 

OBSERVATION  N°3 :

 

Les rencontres avec le bouledogue en plongée sous-marine sont multifactorielles et prennent en compte plusieurs critères non négligeables tels que:

- Le comportement du plongeur (positions du plongeur, attitude calme, neutre, excitée ou paniquée).

- La situation spatiale du plongeur (dans le bleu, sur le récif, sous le bateau, en pleine mer, en dérivante, sur un fond de sable).

- La profondeur du plongeur (au-dessus, au même niveau, au-dessous du requin ou en surface).

- La distance entre l’homme et l’animal.

- La raison de la présence du requin sur zone : repos, reproduction, ou nourrissage.

-Rencontre sauvage ou feeding.

 

 

OBSERVATION N°4 :

 

Le requin bouledogue est un poisson avec lequel il est difficile d’interagir, car relativement farouche avec les plongeurs, c’est lui qui décidera des interactions et des distances d’approche. Jusqu'à ce jour, sept types d’approches différentes ont pu être observés. Les approches seront décrites également en cas de nourrissage.

 


 

 

APPROCHES PASSIVES - CRAINTIVES

 

- Passage Distant : Dans le cadre de ces approches, le requin reste à bonne distance du plongeur, c’est à dire qu’il reste largement plus loin que la portée de sa zone externe. Ce n’est pas de l’observation ! Il maintient une distance de sécurité car il ne sait pas à quoi il a à faire. Sa nage peut être successivement lente ou vive et nerveuse en fonction du stress du requin. La plupart du temps, il reste à la limite du champ visuel, pour ne pas se sentir dérangé et revient dans la zone visuelle du plongeur pour s’assurer qu’il n’est pas en danger. Au Mexique, à Playa Del Carmen, ces passages distants ont lieu sur un fond de sable d’une vingtaine de mètres au même niveau que les plongeurs, alors qu’au Mozambique, à Ponta Do Ouro, les bouledogues restent en profondeur, entre 30 et 40 mètres. Rester en groupe est important pour diminuer notre intrusivité sur son territoire.

 

- Observation sécurisée : Lors des plongées où le fond excède les 20 mètres, le requin tournera autour des plongeurs à leur niveau, ni plus bas, ni plus haut. Il se montre, mais ne franchit pas le cap de sa section externe.

Il observe, tente d’affiner son observation, mais craint le regard et l’activité humaine. On le voit clairement tourner sur lui-même au niveau de sa zone sécurisée, refusant toute pénétration dans une autre zone d’évolution. Si le requin ne change pas rapidement d’attitude, c’est à cause d’un comportement intrusif de la part d’un plongeur. Généralement, en présence de nourriture, les requins bouledogues passent très vite ce stade afin de se rapprocher de l’appât. Même attitude, il faut rester en groupe pour ne pas effrayer l’animal.

 

 Film sur l'observation sécurisée du bouledogue

 

- Fuite nerveuse : Il arrive parfois que le requin se sente plus à l’aise et évolue dans votre zone sociale. Il suivra des axes d’approche en fonction de vos signaux et plus généralement de votre langage corporel. S’il est nourri, le requin sera plus territorial car il y aura compétition avec les autres squales qui deviennent ses concurrents pour la nourriture. Une erreur d’interprétation, le stress, un geste brusque de la part d’un plongeur, un geste dominateur de la part d’un rival ou tout simplement une gêne, peuvent occasionner une fuite nerveuse ! Elle prend la forme d’un spasme nerveux allant de la tête vers la queue, et le requin disparaît à haute vitesse soit vers les abysses, soit en dehors de votre champ visuel. Il peut revenir plusieurs minutes plus tard, après être repassé par les premiers points d’approches… ou ne jamais revenir !

 

 

  Film sur Vimeo

 

 

CAUSES ET MOTIVATIONS DES APPROCHES :

 

- Curiosité

- Inspection du territoire

- Indifférence chez les requins les plus expérimentés

- Peur, méfiance

- Zone d’évolution du requin

 

 

APPROCHES INQUISITRICES / ATTITUDES DOMINANTES :

 

Les approches décrites plus bas sont le résultat d’une longue période d’immersion avec le requin lui permettant ainsi de devenir prédateur dominant de la scène.

 

- Charge d’intimidation : Comme tout prédateur affichant ce comportement, il s’agit plus d’un langage de défense ou de mise en garde que d’agression. Dans ce cas de figure avec cette espèce, les quelques charges d’intimidation que vous pouvez subir sont toutes, ou presque, liées à une stimulation alimentaire. Venant d’un comportement protecteur et territorial à cause de l’appât, le requin ne prend plus en compte les zones ni les profondeurs d’évolution, en oublie les codes de l’approche mais reste tout de même méfiant. Rappelons qu’il cherche à vous intimider, à vous faire quitter SA zone, pas à vous agresser. Dans ce cas de figure, ne jamais se placer entre l’animal et la nourriture. Si ces charges s’accentuent, quitter la zone en suivant les consignes du guide.

 

- Passage en force : Lorsque ce comportement intervient, c’est que vous n’avez pas suivi les consignes de l’approche précédente et que le requin se sent donc menacé. Menacé par votre non-réaction à ses signaux de prédateur cherchant à chasser un concurrent, vous, de son territoire. Comme son nom l’indique, cette approche obligera le requin à se « faufiler » dans toutes les sphères d’évolution et particulièrement la vôtre jusqu’au contact ! Le requin, stressé, cherchera à vous tester pour voir jusqu’où vous êtes prêt à tenter le « jeu » ! Vous êtes le mauvais acteur de cette scène car vous continuez à vous placer entre le requin et l’appât ! Favorisez l’effet de groupe, ne vous retrouvez pas isolé, et quittez la zone calmement.

 

 

 

- Possession du territoire : Ceci survient lorsque les requins sont en nombre. Bien que vous soyez bien groupés, un manège se met en place, celui de la possession par la distraction ! En effet, un petit groupe de requins va suivre les mêmes axes d’approche face à vous - ils le sentent grâce à votre contact visuel et à votre façon de réagir - tandis que les autres requins vont profiter de votre inattention pour s’introduire au milieu du groupe des plongeurs. Une fois encore, aucun signe d’agressivité, même si les requins sont extrêmement nerveux dans leur manière de se déplacer. Il est impératif de rester bien groupés et « d’avoir l’œil » sur ce qui se passe derrière vous ! Si la situation devient trop intense, quittez la zone en gardant le contact visuel.

 

 

 

- Suivi en surface : Il n’est pas rare qu’en fin de plongée, alors que nous entamons notre remontée, les requins bouledogues nous suivent... Chasseur extrêmement actif proche de la surface, il est recommandé aux plongeurs en train de remonter d'afficher la plus grande vigilance... Régulièrement habitués à suivre les couloirs olfactifs générés par les appâts, on  suppose qu’ils nous suivent jusqu’à ce que l’odeur disparaisse.

 

 

 

 

CAUSES ET MOTIVATIONS : GRANDE PRUDENCE QUANT À LEUR DISTANCE ET À LEURS ATTITUDES 

 

- Feeding

- Curiosité

- Territorialité entre requin : Les requins sont régulièrement nourris. Avec le temps, ils associent lieux et nourriture. Lorsqu’ils voient des plongeurs, comme à Playa del Carmen par exemple, ils nagent vers eux et s’attendent à être nourris. L’absence de « récompense » ne conduit toutefois pas à une "relation" contre les plongeurs.

 

 

LA CONCURRENCE DÉVELOPPE LE STRESS ENTRE REQUINS.

 

- Territorialité avec le(s) plongeur(s)

- Stress du plongeur – qui envoie alors des signaux de proie au requin !

- Bruits

-Habitudes

 

 

OBSERVATION  N°5 :

 

Malgré les différentes approches et observations vues plus haut, ces explications sont le résultat de recherches empiriques basées essentiellement sur de l’observation au quotidien. En conclusion, ces informations peuvent être réfutées, complétées, détaillées, voir remaniées. Ce qui est décrit plus haut est la synthèse d’observations d’habitudes comportementales observées par des plongeurs depuis plus de dix ans.

 

 

OBSERVATION N°6 :

 

Les meilleurs endroits dans le monde pour nager avec ce requin sont :

- Canal du Mozambique (Ponta Do Ouro) - De Novembre à Mai

- Les Bahamas (Bimini/ Abacos etc.) - De Décembre à Mars

- Mexique (Playa Del Carmen/Cancun/Cozumel) - De Novembre à Mars

- Les Îles Fidji

- Afrique du Sud (Aliwal Shoals/Protea Banks)

- Costa Rica (Bat island/Playas del Coco) - De Mai à Novembre

- Belize (Sapodilla) - Toute l’année

 

 

OBSERVATION N°7 :

 

Quelques recommandations pour interagir en toute sécurité avec le requin bouledogue?

- Porter une combinaison intégrale obligatoire. La couleur blanche de votre peau rappelle la couleur du muscle d’un poisson donc d’un appât !

- Pour éviter toute panique être préparé psychologiquement.

- Adopter une position verticale pour paraître plus imposant et permettre à l’animal de connaître nos intentions. Si pas possible car dans le sable, éviter de vous allonger.

- Faire le moins de mouvements possible, pas de gestes brusques, pas d’agitation pour ne pas exciter le requin.

Généralement si le requin est nourri à la main, le feeder (nourrisseur) agite sa main, donc garder les bras le long du corps.

- Faire le moins de bulles possible (éviter l’essoufflement et l’excitation).

- Ne jamais se retrouver isolé - l’histoire de la brebis égarée - mais aussi pour ne pas faire fuir le requin en fonction des approches.

- Ne pas perdre le contact visuel. Regarder aussi constamment derrière vous.

- Si le requin devient trop insistant, trop inquisiteur, quitter la zone mais toujours en lui faisant face. Ne pas reculer pour ne pas réagir comme une proie. Attendre les consignes et le signal du moniteur.

- Si pas à l’aise, quitter la zone calmement.

 

 

 

Les médias sont responsables de l’image de ce requin, qui est exagérée. Il reste certes un prédateur à grosses dents imprévisible, mais plutôt docile en plongée bouteille. Si vous respectez les consignes de sécurité liées à l’approche de ce requin, vous pourrez sans aucun effort démystifier la réputation de ce « mangeur d’homme » malheureusement en train de disparaître de nos océans.

 

Comme tous les grands requins, sa population est très fortement en déclin. Classé « quasi-vulnérable » par l’IUCN, le squale est principalement pêché pour son cuir, son foie, sa chair et ses ailerons. Depuis peu, des battues et des « prélèvements » sont organisés par divers gouvernements afin de « réguler » les populations sur les zones où des accidents ont eu lieu. Soyons clairs, ces campagnes participent de l’extermination des populations de requins bouledogues « gênants » et non à une quelconque régulation scientifique.

 

 

 

 

Steven SURINA remercie particulièrement Phocéa Mexico (club avec lequel Francis, Aude et Patrick ont plongé et notamment avec les requins bouledogues) pour son accueil lors des plongées bouledogues proposées de novembre à mars à Playa del Carmen au Mexique.

 

 

  PLONGÉE REQUINS : PLONGER AVEC LE BOULEDOGUE

(source :  scuba-people.com)

 

Ces dix dernières années, c’est un fait, la plongée-requin s’est intensément démocratisée. Ainsi, aujourd’hui, il est possible de s’immerger en compagnie de différents squales. Parmi les espèces avec qui l’homme peut plonger et interagir, il y a des Apex predators, ou, en Français, des super-prédateurs. Ces prédateurs comprennent les cinq espèces potentiellement dangereuses pour l’homme, à savoir le requin blanc (Carcharodon carcharias), le requin tigre (Galeocerdo cuvier), le requin bouledogue (Carcharhinus leucas), le requin océanique (Carcharhinus longimanus) et le requin taupe bleu (Isurus oxyrinchus).

 

De toutes les plongées, celles avec les requins bouledogues sont les plus faciles à réaliser. En effet, les sites de rencontre avec ces squales sont des plus accessibles. Ils sont à la fois proches de la côte et en eaux peu profondes. Cette profondeur raisonnable autorise donc tous les plongeurs, même novices, à vivre le grand frisson.

 

Ce grand frisson repose en grande partie sur la mauvaise réputation de ce requin-là, en particulier. En effet, le bouledogue est considéré comme le requin ayant le plus souvent mordu, voire tué l’homme car ses aires d’évolution sont proches des zones d’activités balnéaires.

Paradoxalement, en plongée sous-marine, sans attraction alimentaire, ce requin reste très distant. Prudent et timide, il préfère bien souvent la fuite plutôt que de tenter une approche à faible distance.

 

Les meilleurs sites offrant des conditions optimales d’observation du requin bouledogue sont au nombre de trois : Playa Del Carmen au Mexique, Ponta Do Ouro au Mozambique et Beqa Lagoon aux Fidji.

 

Dans ce dossier, nous allons plus particulièrement détailler les deux sites les plus accessibles, tant géographiquement que financièrement : Playa Del Carmen et Ponta do Ouro. Avant de rentrer dans le vif du sujet, nous vous invitons à lire ou à relire les caractéristiques propres à cette espèce, précédemment détaillées dans les autres pages du site consacrées aux requins (source : scuba-people.com, Shark Education, Steven Surina.

 

PLAYA DEL CARMEN - MEXIQUE

 

Aucun autre lieu d’observation ne présente les particularités exceptionnelles de cette station balnéaire située au sud de Cancun, au Mexique, à savoir une eau chaude et peu profonde avec une bonne visibilité. Il a récemment été prouvé qu’une grande quantité de requins bouledogues migre dans les eaux peu profondes de Playa del Carmen de Novembre à Mars, lorsque la température de l’eau chute au-dessous de 27°C. Ils sont néanmoins plus facilement observables en plongée sous-marine de décembre à février.

 

Pour certains super-prédateurs, la présence de nourriture est un élément déterminant dans le choix de son habitat. Ainsi, la présence du requin bouledogue à Playa Del Carmen coïncide avec celle des sérioles couronnées (Seriola dumerili). Quand les sérioles migrent, beaucoup de requins bouledogues restent pourtant dans les environs, ce qui ne nous conduit pas à vraiment associer la présence de ces requins à une piste exclusivement alimentaire.

 

Autre hypothèse des plus intéressantes : tous les requins sont femelles et la moitié d’entres elles sont pleines ! Il semblerait donc, que le spot de Playa Del Carmen constitue un secteur de repos pour les femelles car elles y trouvent de la nourriture en abondance, avant de continuer leur migration annuelle vers le nord pour mettre bas. Les recherches en cours valideront ou infirmeront ces théories….

 

Vous pouvez aussi regarder le film tourné à Playa del Carmen par Francis et Patrick (sur le site).

 

La zone de plongée s’appelle « Jardines profondes »

L’accès au site, récemment reconnu comme aire marine protégée à la suite de la Cop 13 qui eu lieu à Cancun en décembre dernier, est règlementé par les autorités locales compétentes en partenariat avec une ONG Saving Our Sharks. Ainsi, les créneaux pour les plongées d’observation sont ouverts de 8h du matin à 11h puis de 13h à 15h.

Le spot se situe à environ 300 m parallèlement à la plage. Depuis le bord, l’accès au site prend moins de 5 min ! On y trouve un fond de sable en pente douce d’une profondeur comprise entre - 22 m et -28 m et régulièrement exposé au courant. Deux types de plongées sont possibles :

 

- La rencontre fortuite avec une dizaine d’individus évoluant sur leur territoire avec une proximité d’observation qui dépendra du bon vouloir et de l’intérêt des requins pour les groupes de plongeurs.

- La seconde plongée possible est une plongée où les requins sont nourris, le feeding.

 

Les opérateurs pratiquant cette plongée ont disposé des cordes sur le fond avec une bouée en surface pour favoriser l’accès à la zone et un largage correct pour les mises à l’eau. Le fond est à - 24 m sur cette zone. L’accès aux plongées feeding se fait de 11 h à 13 h et de 15 h à 16 h 30.

 



 

 

Dans les deux cas, la plongée s’effectue à genoux ou allongé sur le sable pour une durée moyenne d’une trentaine de minutes. Le coût est d’environ 95 $ pour les plongées d’observation et jusqu’à 200 $ pour les plongées avec appâts, ou feeding.

 

 

PONTA DO OURO – MOZAMBIQUE

 

Se rendre sur place n’est pas chose aisée. Les points d’accès de cette petite station balnéaire du sud du Mozambique sont, en effet, restreints. Il faut soit atterrir en Afrique du Sud à Durban et remonter jusqu’à la frontière de Kosy bay à 5 h de route au nord, soit atterrir à Maputo puis emprunter ensuite les pistes vers le sud pour arriver 160 km et 7 h plus tard, à Ponta Do Ouro.

 



 

C’est sur le site de plongée de Pinnacle, à 11 km de la plage de Ponta que nous retrouvons le rassemblement de requins bouledogues. D’après les études scientifiques, la communauté s’évalue à une quarantaine d’individus mâles et femelles tous sexuellement matures. D’une année à l’autre, certains individus tagués reviennent sur le site et de nouveaux arrivent. Ils atteignent Pinnacle et ses environs, courant novembre jusqu’au pic de concentration et d’activité, mi-janvier. Puis, peu à peu, ils disparaissent jusqu’à fin mars.

 

Les requins trouvent sur ce site en pleine sortie du canal du Mozambique une aire de chasse exceptionnelle, située en plein milieu d’une réserve marine. La nourriture étant abondante, une activité pélagique extraordinaire y converge. Croiser en pleine eau d’autres espèces de squales est d’ailleurs tout à fait probable, pour ne pas dire certain.

 

Si les bouledogues se concentrent en nombre sur Pinnacle, c’est très probablement dû au fait que ce site représente une zone de chasse exceptionnelle, notamment pour les femelles pleines qui trouvent dans cet habitat un lieu où s’alimenter facilement, avant d’engager un long périple migratoire jusqu’au fleuve Zambèze pour mettre bas.



 

Quand la météo est bonne, se rendre sur site, à 4 miles parallèlement à la côte prend 20 min, par gros temps environ 45 min. Cette remontée étant continuellement exposée au courant, les zones de mise à l’eau, au nord comme au sud, varient grandement. Il est conseillé d’être un bon plongeur en bonne condition physique.

 

Le plan de plongée est classique : s’immerger, atteindre le secteur dans la zone des - 40 m, y rester jusqu’à l’apparition des premiers paliers, ce qui constitue un temps suffisant pour intéresser quelques requins, puis quitter la zone et dériver en pleine eau. Il est strictement interdit de nourrir les requins dans la réserve mais le site étant constamment fréquenté par des pêcheurs sportifs et des chasseurs sous-marins, l’activité des plongeurs dans la colonne d’eau, avec l’aide de quelques artifices, bouteilles d’eau à craquer et flasheurs utilisés par les chasseurs sous-marins, ne tarde pas à faire venir jusqu’à quinze requins bouledogues autour de la palanquée. Ils suivront le groupe jusqu’à sa sortie de l’eau, une heure plus tard en moyenne.

 

Au cours de cette plongée il n’est pas rare de croiser également des requins marteaux halicorne (Sphryna lewini), des requins à pointes blanches de récif (Carcharhinus albimarginatus) et des requins bordés (Carcharhinus limbatus). À l’occasion aussi, avec un peu de chance, un requin tigre (Galeocerdo cuvier) ou un requin baleine (Rhycodon typus) pourra être observé.

 

Cette plongée, au coût d’environ 45 $, est à effectuer idéalement en matinée quand l’activité des squales est la plus intense.

 

PLONGER AVEC LES REQUINS BOULEDOGUES

 

 

Plutôt benthique, le requin bouledogue nage au-dessus du fond à la recherche d’une odeur, d’un bruit ou d’un signal envoyé par une éventuelle proie. C’est le temps du repérage. Une fois sa proie repérée, il fait rarement des tours d’approche et passe rapidement à l’attaque. Il bondit sur sa proie à vive allure par en-dessous, lui laissant rarement une chance de s’en sortir. C’est une réaction innée face à une interprétation biologiquement ancrée dans ses gènes. Il est donc clair que lorsqu’un plongeur observe un requin bouledogue se déplaçant dans la colonne d’eau, exposant ainsi à ses éventuels prédateurs sa zone sensible, son ventre, le squale est en pleine confiance et maîtrise totalement son habitat et ses habitants. Toute approche verticale du bas vers le haut est un comportement de chasse ou d’intimidation.

Tant que les requins restent prudents, qu’ils évoluent sur le fond autour des plongeurs à une certaine distance, sans passages au milieu ou au-dessus de la palanquée, sans approches frontales, le facteur de risque reste faible. Avec le temps, les requins prennent confiance et s’autorisent des incursions de plus en plus proches des plongeurs, sur des fréquences plus courtes. Il est donc nécessaire de limiter le temps d’immersion avec ces animaux. Même si le danger est faible, il ne faut jamais oublier que l’on s’immerge en compagnie d’un ou de plusieurs grands prédateurs et que leur caractère peut se révéler imprévisible. Tout spasme, signe de territorialité, signe de nervosité ou prise soudaine de vitesse sont à considérer comme des signes d’intimidation active et doivent mettre fin à l’immersion.

 

En plus du briefing, une préparation psychologique des plongeurs est indispensable avant ces rencontres particulières :

 

  - Se référer aux consignes strictes dictées durant le briefing ;

  - Porter une combinaison intégrale foncée avec gants, chaussons et cagoule.

    Ne pas avoir de matériel de couleur claire ou brillante, ou qui  dépasse;

  - Limiter son impact sonore lors de la mise à l’eau et pendant toute la plongée ;

  - S’immerger rapidement et rester en groupe ;

  - Toujours avoir les requins les plus proches à l’oeil. Regarder souvent derrière

    soi. Surveiller particulièrement les individus de grande taille ;

  - Garder une distance de sécurité d’au moins 5 m entre les requins et les plongeurs ;

  - Ne jamais passer au-dessous d’un groupe de requins, rester à leur niveau ou

    légèrement au-dessus ;

  - Maintenir une position verticale ou à genoux sur le substrat pour paraître neutre et

    plus imposant ;  

  - Rester constamment groupés car un plongeur isolé est plus vulnérable ;      

  - Ne jamais reculer face à une approche frontale ; utiliser un débordoir pour repousser    

   fermement mais sans violence un requin trop curieux.

  - Si vous utilisez des lumières artificielles, attention ! Certains requins peuvent être

  stimulés par la recharge des accus ou être effrayés par les flash ;

  - Si un plongeur de la palanquée n’est pas à l’aise, la palanquée quitte la zone

  calmement en gardant les requins en vue.

 



 

FICHE TECHNIQUE

 

Le requin bouledogue possède une silhouette massive, un corps trapu, tassé et court avec  un museau arrondi, large, extrêmement court et de très petits yeux.

-  Sa couleur peut aller du gris, clair ou foncé, au brun olive. Le ventre est quant à lui 

   blanchâtre. Une tache gris clair recouvre le dessus de la tête des spécimens     

   sexuellement  mature.

 



 

- C’est un requin dit benthique, c’est à dire qu’il évolue principalement au-dessus de substrats rocheux ou coralliens proches de la côte, à des profondeurs inférieures à 60m. Il nage la plupart du temps au-dessus du fond et s’aventure très rarement en pleine eau. Le requin bouledogue est également appelé requin du Zambèze. Il a la particularité d’appliquer l’osmorégulation qui lui permet de s’acclimater parfaitement aux eaux hypo-salines. Il utilise cet avantage pour donner naissance aux juvéniles, parfois à des centaines de kilomètres dans les terres en remontant les rivières et les fleuves. Ses biotopes favoris, c’est-à-dire ses milieux de vie, sont les zones de faible profondeur, régulièrement brassées par des vagues où l’on retrouve une partie de sa chaîne alimentaire dans des eaux turbides, telles que les barrières de corail non loin des plages, les sorties d’estuaires, voire les embouchures où l’on retrouve une forte activité industrielle. Ils sont également présents près du littoral où l’activité balnéaire humaine, baignades et surf, par exemple, est importante. Il partage donc son quotidien dans des zones fréquentées par l’homme, ce qui fait qu’il est souvent impliqué dans des attaques, ce qui est directement lié à sa mauvaise réputation.

 



 

- On le confond souvent avec le requin taureau (Carcharias taurus), car le nom vernaculaire anglais du requin bouledogue est Bull shark, ce qui se traduit littéralement par « requin taureau » et prête donc à confusion. Afin de ne pas se méprendre avec d’autres espèces de la famille des Carcharhinidae, car il n’existe pas de point distinctif sur ses nageoires, l’œil est situé à la verticale de l’extrémité de sa mâchoire inférieure. Il peut mesurer jusqu’à 4 m, mais la plupart des individus ne dépassent pas 2,80 à 3 m.

- Les requins bouledogues sont des prédateurs sociaux qui évoluent en groupes hiérarchisés. Ils sont extrêmement territoriaux. Nous les retrouvons dans différents rassemblements, tels que les migrations liées à la reproduction, les mises bas et sur des lieux riches en nourriture où ils se sédentarisent une partie de l’année.

C’est le requin responsable de 80% des morsures et des attaques mortelles sur l’homme chaque année.

 

 

Texte, vidéo et dessin : Steven Surina